Ce travail composé par Jean-Michel Drouet prend aujourd’hui une dimension prémonitoire et illustre le vide, le silence et la désolation qui se sont emparés de nos villes sous la menace du covid19.
« Paris fait partie des villes les plus visitées au monde et se retrouve régulièrement envahie de touristes lâchés par autocars entiers et venus de tous les pays du globe. De ce fait Paris est aussi parmi les villes les plus photographiées. Malheureusement, ces images ne nous apprennent que très peu de choses et souvent, semblent faire écran. Tout se passe comme si la surabondance d’images témoignait avant tout de l’impossibilité d’appréhender la ville par l’image.
Cette série photographique présente une vision toute personnelle de Paris. Toute présence humaine, toute circulation routière, semblent avoir été gommées avec l’intention de montrer des zones d’affluence, de trafic ou de commerce, dans une nudité qu’on ne leur connaît pas, une nudité décalée et singulière. Dans ces rues vides, l’architecture, les monuments et les objets prennent une densité particulière, un aspect insolite qui rappelle les fascinantes places désertes de Giorgio De Chirico.
Des traces de chaises vides aux terrasses des cafés, de détritus jonchant le sol, d’éclairages artificiels restés allumés, nourrissent de leur présence la vacuité des espaces commerciaux. Au delà de son absurdité, ce qui nous attire dans ce Paris déserté, c’est surtout la beauté de l’architecture, des monuments et des bâtiments qui paraissent, ici, dans tout leur éclat.
Peu importe de savoir si ces images empruntent aux origines de la photographie ou aux dernières fonctionnalités de l’outil numérique puisque parfois le résultat visuel semble le même.
Peu importe non plus de savoir si ces images relèvent du genre photographie d’architecture ou du genre documentaire, voire même, plasticien, l’essentiel étant qu’elles existent.
L’intérêt de la photographie ne réside-t-il pas dans une large mesure dans son aptitude à inventer et à conjuguer certains traits du passé au futur et au temps présent ? Vider la ville, c’est aussi changer notre regard sur ces espaces devenus tellement habituels et ordinaires qu’on ne les voit plus. » (Jean-Michel Drouet)
Retrouvez tout « Paris vide » à LA COLLECTION
© Jean-Michel Drouet / LA COLLECTION